Les pianos Pleyel à l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes - Paris 1925
Devanture du magasin des pianos Pleyel à l'Exposition des Arts décoratifs de Paris 1925.
Le magasin des pianos Pleyel faisait partie de la Galerie des Boutiques disposée sur le pont Alexandre III.
Extrait de HERBST, René, Devantures, vitrines, installations de magasins à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs Paris 1925, 1926.
Collection Carl Esther.
La Revue Pleyel (n°18, 1925) présente la participation de la fabrique de pianos parisienne à l'Exposition de 1925. Voici le texte in extenso et les photos des pianos Pleyel inclus dans les ensembles d'art, tirées, elles, de la Revue Mobilier et Décoration (juin 1925) :
"Avant même d'être inaugurée, l'Exposition de 1925, qui s'ouvrira au printemps prochain (officiellement, dès la fin d'avril), aura fait éclore une littérature infiniment variée.
Le but et le programme de cette manifestation à laquelle plus de vingt nations vont participer, ont été longuement commentés. On sait qu'elle nous proposera, dans tous les domaines, des oeuvres "dont l'exécution doit comporter, avec une parfaite adaptation à la destination de l'objet et aux conditions de la vie moderne, des qualités certaines d'art et d'originalité".
Mais
il est un point sur lequel nous croyons bon d'éclairer le public qui risque de se méprendre sur le plan de l'exposition en confondant celle-ci avec toutes les expositions organisées jusqu'à ce jour.
La présentation des objets doit être faite sur un mode entièrement nouveau. Il ne s'agit pas ici d'ouvrir et de garnir des stands, en accumulant, suivant la classe, des oeuvres de même nature, mais de créer des ensembles homogènes, conçus en fonction d'un tout bien défini.
Ce sera le haut intérêt de cette exposition que de nous offrir ici ou là, dans tous les groupes, des images réduites, mais vivantes de ce que représente authentiquement le goût, le confort, disons le style, répondant au mieux aux besoins modernes, aux conceptions nouvelles.
Aussi bien, pour connaître l'ampleur et l'importance des efforts accomplis par les artistes et par les industriels dans le sens prescrit par le règlement, mais qu'eux-mêmes s'étaient imposés depuis longtemps, sera-t-il bon de ne point s'en tenir à des visites hâtives et superficielles. Il faudra reconstituer soigneusement, si l'on veut être informé des formules nouvelles les mieux méditées et les plus heureuses, le tableau synthétique des créations réalisées dans tous les genres par les meilleurs artistes et les principales maisons.
Voyons, par exmple — et l'exemple nous paraît singulièrement bien choisi — comment Pleyel sera représenté à l'Exposition de 1925.
Le piano, meuble essentiel, meuble imposant, mais dont l'architecture propre et les formes extérieures sont étroitement liées - géométriquement, scientifiquement - aux exigences de sa structure interne, a depuis longtemps tenté le génie des constructeurs modernes. Les premiers essais n'ont pas été heureux. Il était malaisé de substituer brusquement au parti architectural tradionnel, à la somptueuse ornementation qui nous a valu les prestigieux chefs-d'oeuvre de la fin du XVIIIe siècle et du commencement du XIXe, des lignes d'une indigente sécheresse, répudiant l'ornement, adoptant une volumétrie dont la masse de l'objet accusait la lourdeur.
Pleyel, le premier, s'est attaché à l'étude de ce redoutable problème. Et l'exposition nous montrera le sens et la minutie de ses recherches. Il s'en remit aux plus audacieux et en même temps aux plus réfléchis de nos architectes décorateurs, Dufrène, Follot, Joubert, Ruhlmann, René Herbst, Süe et Mare, René Prou, du soin de réaliser, en tenant compte de la noble ordonnance des lignes et de la beauté de la matière, des chefs d'oeuvre qui, prenant place dans le cadre de la vie moderne, ne fussent point indignes de leurs illustres ancêtres. Nous verrons donc prochainement une dizaine de pianos Pleyel de tous modèles, piano à queue, demi-queue, pianos droits, Pleyelas, exposés non pas seulement dans la "boutique" Pleyel du Pont Alecandre III, mais à la classe XVIII, dans le pavillon de la Maîtrise, dans celui de Pomone et dans celui de la Compagnie des Arts Français.
Voici un effort considérable dont il nous paraît important de grouper tous les éléments, si l'on veut qu'il prenne la valeur d'une éclatante démonstration.
Le Pavillon de Maîtrise (Galeries Lafayette), sera édifié sur l'Esplanade des Invalides, près de la Manufacture de Sèvres. Il occupe une place d'angle du carrefour central, que l'on traverse en venant du Pont Alexandre vers les Invalides. Aux trois angles s'élèvent les pavillons des autres grands magasins.
Le pavillon de la Maîtrise, est construit sur les plans de MM. Tribout, Hiriart et Beau (dont le projet fut classé premier à l'unanimité), par Chanut, architecte en chef des Galeries Lafayette et, en ce qui concerne la décoration et l'aménagement intérieur, par M. Maurice Dufrène.
L'extérieur est en marbre blanc et pierre et comporte, à l'entrée principale, une verrière due à la collaboration de MM. Hiriart et Dufrène et du peintre verrier Gruber. Quatre figures symboliques en pierre dorée, oeuvres du sculpteur Leyritz, représentent le ruban, la dentelle, la plume et la fourrure.
A l'intérieur, un grand hall que pourtourent deux galeries circulaires auxquelles on accède par deux escaliers de marbre et portor, et dont les parois sont en combinaison à godrons, avec grands panneaux tendus de velours gris. On y verra, outre la série d'ameublement, sièges, tables, commodes, petits meubles, un magnifique piano (un demi-queue), signé Maurice Dufrène et Pleyel.
Piano demi-queue Pleyel par Maurice Dufrène exposé dans le pavillon de la Maîtrise.
Le pavillon "Pomone" (Bon Marché) est situé à l'autre angle du carrefour central, près du quai. Oeuvre de l'architecte L.-E. Boileau, artiste dont les tendances sont encore affirmées par la porte du quai d'Orsay, et, en ce qui regarde toute la décoration intérieure, de Paul Follot, assisté de MM. Henri Robert fils, peintre ; Josset et de Canto, sculpteurs, le pavillon "Pomone" contiendra sept ensembles mobiliers.
On y trouvera deux pianos Pleyel (un quart de queue et un demi-queue), exécutés sur les plans de Paul Follot, dont un autre piano (piano à queue), dessiné pour Pleyel, figure également à la classe XVIII (instruments de musique), au Grand Palais.
Piano à queue Pleyel par Paul Follot exposé dans le pavillon de Pomone.
Piano à queue Pleyel par Paul Follot exposé dans la Classe XVIII (instruments de musique).
Un modèle intéressant de quart de queue Pleyel, sera exposé par la "Compagnie des Arts français", création de leurs directeurs, MM. L. Süe et André Mare, qui ont traité le sujet avec cette rigueur et cette grâce qui caractérisent les oeuvres signées de leur nom.
Piano à queue par Süe et Mare exposé dans le pavillon de la Compagnie des Arts français.
Enfin, sur le Pont Alexandre, dans une des boutiques édifiées sur les plans de Sauvage et dont l'architecte est M. René-Herbst, l'un des plus osés et des plus sûrs artistes décorateurs de ce temps, Pleyel expose un groupe imposant de modèles, emsemble hautement significatif et d'une suffisante variété qui nous prouve dans quel esprit ont été poursuivies ses recherches, à la fois fidèles à la tradition et conformes aux plus vétilleuses exigences du goût du jour... et de demain.
Le piano droit de Joubert, le Pleyela de René-Herbst, le piano à queue de Ruhlmann, apporteront autant de solutions diverses et parfaites d'adaptation, qu'il s'agisse du modèle simple ou du modèle de haut luxe.
Piano droit Pleyela par René Herbst exposé dans la boutique Pleyel sur le Pont Alexandre III.
Piano droit Pleyel par Joubert exposé dans la boutique Pleyel sur le Pont Alexandre III.
Piano à queue Pleyel par Ruhlmann exposé dans la boutique Pleyel sur le Pont Alexandre III.
Enfin, délicate et précieuse création, voici le clavecin composé par Bernard Naudin avec la collaboration de Süe et Mare, oeuvre fort importante dont le charmant archaïsme démontre que le goût moderne sait parfois heureusement se marier avec la grâce et l'esprit des plus exquises oeuvres du passé." G. RÉMON
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