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C. BechsteinManufacture de pianos fondée à Berlin en 1853Maison natale de Carl Bechstein à Gotha (Thuringe). Extrait de Das Bechstein Bilderbuch - 1853-1928 - 75 Jahre Bechstein, 1928. Carl Friedrich Wilhelm BECHSTEIN voit le jour le 1er juin 1826 dans la petite ville de Gotha en Thüringe. L'Allemagne est alors émiettée en une quarantaine d'états, même si une Zollverein (Union douanière) a été mise en place en 1834. La Prusse et l'Autriche assoiffées de pouvoirs hégémoniques se disputent pour constituer à leur profit "leur" Allemagne. Le paysage allemand est traversé par des courants nationalistes et libéraux. C'est dans ce contexte que la révolution de 1848 est durement réprimée : c'est l'échec de l'émancipation libérale. Carl Bechstein devant un de ses premiers pianos, 1853. Extrait de Das Bechstein Bilderbuch - 1853-1928 - 75 Jahre Bechstein, 1928. À partir de là, Bechstein devient irrésistiblement un des phares de la fabrication mondiale de pianos. Carl Bechstein avait le marketing de son entreprise dans le sang. Il noua de multiples liens avec les artistes de son époque en s'inspirant de la manière dont Sébastien Erard mena son entreprise à Paris. Hans von Bülow fut dès le début un de ses ardents propagateurs. Mais aussi Franz Liszt et Richard Wagner. Bechstein sera désormais au centre de la vie culturelle de Berlin. La ville passe progressivement du statut de ville provinciale, riche des casernes du roi de Prusse, à celui de la grande métropole qui rayonne au cœur de l'Europe : Berlin, la Spree-Athen, l'Athènes du Nord. Pianos droit et à queue Carl Bechstein présentés à l'Exposition universelle de Paris 1867. Perau meurt en 1861. Bechstein transforme le magasin de la Behrenstraße en atelier et entrepôt. Ensuite vient l'implantation à la Johannisstraße, 5. Une deuxième fabrique est construite sur la Grünauerstraße en 1880, puis agrandie en 1888. 1892 voit l'ouverture de la Bechstein-Saal dans la Linkstraße : ce sont trois jours de fêtes musicales pour l'ouverture avec Hans von Bülow, le quatuor de Joachim et Anton Rubinstein. En 1897 s'ouvre la nouvelle fabrique au Kreuzberg dans la Reichenbergerstraße. La fabrique Carl Bechstein sur la Johannisstraße, 5 et 7, vers 1872. Extrait de Klavierwelten Faszination eines Instruments, 2003. Collection Carl Esther. La fabrique Carl Bechstein sur la Johannisstraße, 6, vers 1880. Extrait de Klavierwelten Faszination eines Instruments, 2003. Collection Carl Esther. Le magasin de la Johannisstraße, 6. Extrait de Das Bechstein Bilderbuch - 1853-1928 - 75 Jahre Bechstein, 1928. Collection Carl Esther Le salon du coin de la Johannisstraße, 6. Extrait de Das Bechstein Bilderbuch - 1853-1928 - 75 Jahre Bechstein, 1928. Collection Carl Esther. La salon jaune de la Johannisstraße, 6. Extrait de Das Bechstein Bilderbuch - 1853-1928 - 75 Jahre Bechstein, 1928. Collection Carl Esther. Carl Bechstein meurt le 6 mars 1900. Sa tombe se trouve à Berlin au Sophienfriedhof. Monument funéraire de Louise (1828-1899) et de Carl Bechstein (1826-1900) au Sophienfriedhof de Berlin. À partir de 1900, ses trois fils Edwin, Carl et Johannes prennent les rênes de Bechstein, fabrique familiale mondialement connue. 800 travailleurs produisent alors 3500 pianos de haut niveau par an. À Londres, 38 Wigmore Street, et à Paris, 334 rue Saint-Honoré, se développent des succursales prestigieuses. La succursale Bechstein à Wigmore Street, 38, à Londres. Extrait de Das Bechstein Bilderbuch - 1853-1928 - 75 Jahre Bechstein, 1928. Collection Carl Esther. Modèles de pianos extraits du catalogue londonien C. Bechstein, c. 1927. Collection Carl Esther. En 1906, l'entreprise familiale devient une société commerciale. Le projet de l'implantation d'un vaste magasin à Berlin am Zoo, qui sera réalisé, mène Edwin à sortir de l'entreprise. En 1923, celle-ci est transformée en société par action. Edwin et son épouse Hélène en prennent alors le contrôle (puis la majorité en 1934). Les quatre Piano-Kiddies, un quattuor de pianos Bechstein, furent acclamés durant des mois dans les grands cinémas-théâtres (U.F.A.) de Berlin. Extrait de Das Bechstein Bilderbuch - 1853-1928 - 75 Jahre Bechstein, 1928. Collection Carl Esther. Devanture du magasin Bechstein sur la place de la Kaiser-Wilhelm Gedächtniskirche à Berlin. Extrait de Das Bechstein Bilderbuch - 1853-1928 - 75 Jahre Bechstein, 1928. Collection Carl Esther. La place de la Kaiser-Wilhelm Gedächtniskirche à Berlin, 1928. On aperçoit le magasin Bechstein à gauche du portail de l'église. Extrait de Das Bechstein Bilderbuch - 1853-1928 - 75 Jahre Bechstein, 1928. Collection Carl Esther. Encart publicitaire, 1931. Hélène Bechstein, qui détiendra la majorité des actions de l'entreprise Bechstein, était foncièrement antisémite. Dès 1923, elle aida financièrement et matériellement (avec Elsa Bruckman, Winifred Wagner, la belle-fille de Richard Wagner, et l'épouse de l'industriel von Seydlitz) Adolf Hitler qu'elle appellait par son petit surnom Wolf. C'est en 1924 qu'Hitler écrit Mein Kampf. Groupie des nationaux-socialistes, Hélène Bechstein sera condamnée après la guerre à 30 000 DM (Spruchkammer) et elle habitera jusqu'à sa mort (1951) au pied de l'Obersalzberg... Cependant il est inexact de penser que l'entreprise Bechstein profita de la proximité d'une partie des membres de la famille avec les Nazis car les chiffres même de fabrication indiquent que Bechstein alla très mal durant les années 30 (4500 pianos entre 1930-35 et 3900 entre 35-40). Pourtant, 1928 avait vu la première exportation vers les U.S.A. et peu après une arrivée d'un Bechstein à New York par Zeppelin. Les années 20 étaient remplies de soutiens de pianistes renommés. Hélène Bechstein, Adolf Hitler et Kurt Von Hammerstein à l'enterrement d'Edwin Bechstein, 1934. En 1929-31, Bechstein adopte le Welte Mignon-Système pour présenter un piano automatique à rouleaux perforés. Peu après, la réalisation du Bechstein-Moor à deux claviers et du Néo-Bechstein (fabriqué en collaboration avec le professeur Nernst, prix Nobel de chimie) firent sensation. Couverture du prospectus Das Bechstein-Moor Doppelklavier, 1929. Collection Carl Esther. Le piano Néo-Bechstein-Siemens-Nernst, préfiguration électro-acoustique (1931). Tarif des pianos Bechstein de l'année 1933. Collection Carl Esther. Piano droit Bechstein, modèle 7. Extrait du catalogue C. Bechstein - Berlin, c. 1930. Collection Carl Esther. En 1945, Bechstein sort meurtri de la seconde guerre mondiale. Les bombes anglo-américaines ont détruit la fabrique de la Reichenbergerstraße et une grande partie du stock des bois. Bechstein perd aussi suite à la fuite, aux expulsions et aux assassinats des citoyens juifs par les Nazis une grande partie de ses clients. Le Bechstein était en effet un des pianos préférés des familles juives. Les restes de la fabrique Carl Bechstein sur la Reichenbergerstraße en 1945. Extrait de Klavierwelten Faszination eines Instruments, 2003. Collection Carl Esther. L'Allemagne est occupée par les Alliés. L'administration de l'armée américaine à Berlin réquisitionna l'entreprise. Elle lui impose de fabriquer avec son stock de bois... des cercueils. L'administration fiduciaire ne permet la reprise de la fabrication de pianos qu'en 1951, alors que l'entreprise américaine Steinway & Sons a déjà largement bénéficié des avantages financiers du plan Marshall. Les actions d'Hélène Bechstein, qui avait aussi hérité des autres membres de la famille, restèrent sous contrôle américain et passèrent en 1963 à la Compagnie américaine Baldwin de Cincinnati. Au milieu des années 60, les 25 % d'actions restées aux mains d'Edwin Otto Bechstein, fils d'Hélène, furent acquis par la Baldwin Company. Des centaines de pianos droits Steinway - modèle Victory - furent envoyés de New York aux unités de soldats américains pendant la guerre de 40-45. On remarquera que la photo officielle de l'armée américaine ne laisse apparaître que des soldats blancs... sauf peut-être le pianiste que l'on voit de dos. La Villa Wahnfried à Bayreuth, haut lieu de la culture musicale européenne, sert de salle de jeux à des soldats américains. Ici le Steinway de Richard Wagner. La production des pianos redémarre en 1951. En 1953, le centième anniversaire de Bechstein est dignement célébré. En 1954, Sergiu Celibidache, nommé directeur de la Philharmonie de Berlin, achète un Bechstein pour sa maison à Mexico. En 1957, un troisième Bechstein est exporté au Japon depuis la fin de la guerre. L'acheteur de ce Bechstein, queue de concert, est Yamaha qui en équipe sa salle de concert... C'est la renaissance de Bechstein. La production monte à 1000 pianos par an. En 1959-60, deux nouveaux sites sont érigés à Karlsruhe-Killisfeld et à Eschelbronn. Couverture du catalogue Bechstein - Der Klassische, c. 1957. Collection Carl Esther. Modèles de pianos extraits du catalogue C. Bechstein - Die Erfüllung für Hand und Ohr, 1966. Collection Carl Esther. En 1973, Bechstein devient une G.m.b.H. avec le président Arndt. La dépendance au groupe Baldwin, qui en prend totalement les rênes, est lourde de conséquences, mais a néanmoins l'avantage d'ouvrir le marché vers les U.S.A.
Il est éclairant de lire ce que la nouvelle société Bechstein écrit à ce sujet sur son site Internet (septembre 2011) : "en 1963, l'américain Baldwin reprend Carl Bechstein. Pendant plusieurs années, la vitalité de l'entreprise va souffrir du manque d'intérêt des nouveaux dirigeants (...) Les produits américains sont systématiquement favorisés (...) et Bechstein dirigé à partir des États-Unis. Les conditions ne sont pas propices à l'entreprise". Cadre en fonte de fer d'un piano à queue de concert C. Bechstein, c. 1970. En 1986 : tout va moins bien et Baldwin décide de se défaire de Bechstein. L'ère de Karl Schulze qui rachète Bechstein avec un groupe d'investisseurs allemands débute et marque le retour de l'entreprise dans des mains européennes. La fabrique Zimmermann à Seifhennersdorf, 1959. Extrait de 75 jahre Zimmermann-Pianos, 1959. Collection Carl Esther. En 1993, Bechstein in Konkursantrag (demande de faillite) est proche de la disparition. Mais musiciens et cercles culturels berlinois se mobilisent et tout va repartir à nouveau : Bechstein devient une S.A. et 40% du capital est placé en bourse ce qui amène l'argent nécessaire à un nouveau départ. Par après, le groupe investit en République tchèque (usine Bohemia) avec la fabrication de pianos W. Hoffmann. BECHSTEIN AUJOURD'HUI : Les pianos Bechstein poursuivent leur histoire. La production de pianos (5000/an) est revenue au niveau des plus beaux jours des années 1900. |
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